Sainte Barbe est honorée chaque année, traditionnellement par la commune de Wissous, le premier dimanche de décembre, en particulier au cours d’une cérémonie religieuse.
Dans les hagiographies de sainte Barbe, il est difficile de séparer la légende de l’histoire. L’Eglise, elle même, ne semble pas être absolument certaine que ce personnage ait existé. En 1969, Barbe, dont la fête est le 4 décembre, fut même remplacée par Barbara dans le calendrier liturgique.
C’est donc avec la plus grande prudence que nous relatons le récit de sa courte existence telle que la raconte les historiens en particulier Siméon Métaphraste au Xe siècle et Baronius dans le « Martyrologue romain » publié en 1582.
Barbe au moment des événements qui ont conduit à son martyre vivait à Nicomédie (aujourd’hui Izmit) un port de la région de Bithynie en Turquie au bord de la mer Marmara. D’autres sources, apparemment moins crédibles, situent les faits à Héliopolis en Egypte près de la ville actuelle du Caire.
La date du martyre de Barbe est aussi incertaine. Il est probable qu’il s’est déroulé au cours d’une période de persécution à l’intérieur de l’empire romain. On a le choix entre l’année 235, sous le règne de l’empereur Maximin I dit « Le Thrace » ou, mais c’est peu probable, vers 303 sous celui de Maximien. D’autres historiens placent le martyre sous le règne de Maximin II Daïa proclamé César à Nicomédie en 306 et Auguste en 310.
Pour Siméon Métaphraste, Barbe a été martyrisée à Héliopolis, alors que régnait le tétrarque Galère (293-311).
Venons en maintenant aux événements proprement dits. Le père de Barbara, un riche satrape du nom de Dioscore, était un païen convaincu. Quand il partait en voyage il enfermait sa fille, dans une tour éclairée par deux fenêtres, pour la protéger de tout ce qu’il considérait comme des dangers.
Au cours d’une de ces absences, Barbe fut instruite dans la religion chrétienne et baptisée par un prêtre qui réussit à se faire passer pour un médecin afin d’être autorisé à entrer dans la tour. Barbe fit ouvrir dans celle-ci une troisième fenêtre pour symboliser ainsi la Trinité. Au retour de son père, Barbe lui avoua sa conversion. Son père, fou de rage, la dénonça à Martinianus (Marcien) le préfet de la province. Celui-ci la fit arrêter et torturer. Barbe refusant de renier sa foi, Marcien la condamna à la décapitation et chargea son père d’exécuter la sentence, ce que celui-ci s’empressa de faire. Sur le chemin de retour, Dioscore fut frappé par la foudre et réduit en cendres.
Barbe fut enterrée en même temps qu’une autre martyre suppliciée avec elle, Juliana (Julienne de Nicomédie), par Valentin un homme charitable. La tombe de sainte Barbe devint un lieu de pèlerinage, jusqu’à ce que ses reliques soient dit-on transportées à Torcello près de Venise.
Naturellement ce récit fit au cours du temps l’objet de nombreux ajouts pittoresques pour impressionner les fidèles et que l’on retrouve dans l’iconographie.
Le culte de sainte Barbe se répandit rapidement en Grèce et en Syrie et plus tard en Russie. Ce n’est qu’au XVe siècle qu’il apparaît en occident en particulier en Allemagne. On peut donc penser que la fresque de sainte Barbe de l’église de Wissous, datant du début du XVIe siècle, a été réalisée peu de temps après l’introduction du culte de la sainte en France.
Sainte Barbe fut rapidement honorée pour son pouvoir de protection contre la foudre et les incendies et celui d’assurer une bonne mort.
Elle devient patronne des artilleurs en 1529, puis des mineurs, des carriers et plus tard des sapeurs pompiers quand ce corps est créé par Napoléon I.
L’iconographie de sainte Barbe, la représente à proximité d’une tour à trois fenêtres et tenant à la main la palme du martyre. On y voit parfois un canon à coté d’elle.
Située dans la nef latérale du XVe siècle, cette fresque de sainte Barbe a été longtemps recouverte de plâtre, et oubliée. Ce n’est qu’en 1880, lors de travaux, qu’elle fut redécouverte. Elle présentait des mutilations par martelage datant de la Révolution. Elle était l’élément central d’un autel qui devait également posséder deux retours perpendiculaires au mur de l’église sur lequel est la fresque. La présence, sur le côté droit de celle-ci d’une piscine servant au lavage des mains des officiants, est une preuve qu’on y disait la messe à cette époque.
Cette fresque, a été exécutée au début du XVIe siècle, car les personnages y figurant sont revêtus d’habits du règne de François I° et les légendes écrites en caractères gothiques caractérisent cette époque. Ce type de peinture murale est très rare en Ile de France.
Elle comporte 6 panneaux représentant chacun une scène du martyre de la sainte.
La première scène en haut à gauche, montre Dioscore le père de Barbe tombant à la renverse de saisissement quand celle-ci lui apprend sa conversion, et en surimpression le même Dioscore apparaît menaçant sa fille de son épée, après s’être relevé. Barbe s’échappe par une brèche qui s’est ouverte miraculeusement dans la tour.
Dans la suivante, Barbe s’étant enfuie dans la campagne est poursuivie par son père et ses gens. Un berger indique à Dioscore sa cachette, mais il est aussitôt changé en statue de pierre et ses moutons en sauterelles.
Dioscore ramène sa fille au château, où elle est déshabillée et fouettée pour qu’elle abjure.
Le quatrième panneau, en bas à droite, montre Barbe dans la tour où, devant son refus de renier sa foi, son père l’a enfermée. Elle exhorte celui-ci à se convertir.
Dans le panneau suivant nous voyons Barbe dans la tour, distribuant des aumônes à des pauvres.
Le dernier représente sainte Barbe accueillie au ciel tenant la palme du martyre.
Il est évident que des scènes ont disparu, en particulier celles de la décapitation de sainte Barbe et de la punition subie par Dioscore, lesquelles étaient les plus aptes à impressionner les fidèles.
Les artistes mettaient souvent, dans leurs compositions, leur vision personnelle ou celle de leur commanditaire. Ainsi la scène représentant Barbe faisant la charité dans sa tour, n’est relatée nulle part à notre connaissance, et n’est pas crédible compte tenu de la situation de prisonnière de la sainte. Cette scène n’avait qu’un but pédagogique.