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Histoire du château de Montjean de Wissous

Le lieu sur lequel est situé le domaine de Montjean apparait dans l’histoire en 1661. Il n’y avait pas encore de château mais une propriété avec une ferme qui appartenaient au sire Jacques de Beauvais. Sur les plus anciens documents le site est appelé Mont-Jean. Il est fort probable que ce nom vient d’un des propriétaires de cette butte qui domine la vallée où coule le cours d’eau que l’on appelle maintenant ru de Rungis.

Au XVIIIe siècle le domaine passe dans les mains de François Ferrand intendant de Bretagne. Il n’y a alors qu’une maison bourgeoise servant sans doute de relais de chasse. Les propriétaires furent ensuite Jean-Charles-Joseph Lenoir conseiller au Parlement, M. Marcilly gentilhomme de la chambre du Roi et en 1795 et M. Lemoine qui fut un domestique de feu Louis XVI.

Le cadastre napoléonien de 1811 montre la présence du château actuel. Le style de celui-ci proche du château de la Vallée au Loups, indique qu’il a été construit au tout début du XIXe vraisemblablement par des généraux d’Empire. Henri Breton, directeur de l’école de Wissous de 1898 à 1912 signale l’existence, à Montjean, d’un petit cimetière où étaient enterrés deux généraux du 1° Empire. Ce cimetière a disparu depuis.

En 1817, deux propriétés accolées se partagent le site. L’une appartient au général marquis de Clermont-Gallerande (1744-1823) pair de France et l’autre au général-marquis de Chasseloup-Laubat.(1754-1833) pair de France

A la mort de Clermont-Gallerande, sa propriété passe en 1824 aux mains du duc Louis-Marie-Céleste d’Aumont (1762-1831) premier gentilhomme de la chambre de Louis XVIII. Peu après le 7 novembre de la même année Dupuy-Delcourt, un pionnier de l’aérostation et inventeur du Musée de l’Air, s’élève du parc de ce domaine pour la première fois avec sa flottille aérienne+.

En 1839, Auguste Rodolphe Darblay (1784-1873) riche maitre de poste, minotier, agriculteur, commerçant en blé et député de 1840 à 1851 achète les deux propriétés qui constituent le domaine tel que nous le connaissons actuellement.

En 1862, il cède le domaine à sa fille unique Jenny mariée à Henri Muret également maitre de poste. Jenny Muret a permis au Directeur des Eaux de la ville de Paris Eugène Belgrand (1810-1878) de relever en 1877 le tracé de l’aqueduc romain qui traverse de part en part le domaine de Montjean.

A la mort de Jenny en 1898 la propriété revint à son fils Henri qui habita le château épisodiquement. En 1900 Il fit raser les bâtiments résidentiels de l’ancien domaine de Chasseloup-Laubat laissant ce qui existe actuellement.

Le domaine de Montjean revient ensuite à M. Henry Poupinel et à son épouse née Muret petite fille de Jenny Darblay.

Pendant la guerre de 14/18 le château est converti en hôpital militaire pour la convalescence des grands blessés.

A partir de 1927, le domaine devient la propriété de M. Louis Muret, Louis Poupinel et des familles Lemercier et Louvrier descendants de Jenny Darblay. En 1940, il est entre les mains de Mme Gabrielle Louvrier née Poupinel et Louis Poupinel agriculteur à Torfou..

Pendant l’occupation, il est occupé par des troupes allemandes.

Après la guerre, il est peu habité et peu entretenu. Commence une lente agonie. Il est utilisé par Air France à partir de 1946 pendant 3 ans comme centre de formation en internat des hôtesses de l’air et des jeunes cadres.

Ensuite, c’est la décrépitude. Une seule personne pour un semblant de gardiennage maintient une présence dans le château. Les bâtiments sont abandonnés et toute la partie basse du domaine est transformée en décharge pour recueillr en particulier les gravats venant du chantier de l’autoroute proche. Cette décharge était prévue pour recevoir un million de m3 de détritus mais en fait ce fut 10 fois plus qui firent disparaitre la vallée du ru de Rungis. Les paysages et l’environnement de Wissous furent une nouvelle fois sacrifiés sur l’autel des intérêts économiques de la Région.

La décharge fermée, les bâtiments mal gardés et sans entretien subirent divers outrages et dégradations.

En 2002, l’ensemble du domaine de Montjean fut acheté par la commune avec l’aide financière du Conseil Général de l’Essonne pour ce qui concerne le parc d’une vingtaine d’hectares qui fut classé Espace Naturel Sensible.

Actuellement les bâtiments, à part quelques éléments, sont toujours à l’abandon et livrés aux intempéries. Ils constituent pourtant un ensemble, exemple rare d’une grande propriété du 19° siècle proche de Paris, comprenant outre le château, des granges, une écurie, une bergerie, une laiterie et une orangerie. Il serait dommage de voir disparaitre à tout jamais un témoin de cette valeur de notre patrimoine.

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