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L’envol de la flottille aérienne de Dupuis-Delcourt de Wissous le 7 novembre 1824

DE WISSOUS, DUPUIS-DELCOURT S’ENVOLE POUR LA PREMIERE FOIS AVEC SA FLOTTILLE AERIENNE

C’est en faisant des recherches sur l’histoire de Wissous pour réaliser une monographie sur la commune que j’ai fait connaissance de Jean François DUPUIS DELCOURT. Ce pionnier de l’aéronautique m’était complètement inconnu comme cela doit être le cas pour tous ceux qui ne sont pas spécialistes de cette activité. Pourtant comme je vais essayer de vous le montrer il mérite mieux que l’oubli dans lequel il est tombé.

Au cours de mes recherches, j’ai découvert que c’est à Wissous que DUPUIS DECOURT avait réussi à faire décoller pour la première fois son étrange et expérimentale « flottille aérostatique ». Cette expérience s’est déroulée le 7 novembre 1824 à partir du parc du château de Montjean.

Pour en savoir un peu plus, j’ai consulté les archives du musée de l’aviation du Bourget.

En plus du compte rendu détaillé du vol du 7 novembre 1824, j’ai pu avoir connaissance de sa biographie qui m’a permis de me rendre compte des mérites de cet aéronaute méconnu et donné l’envi de le sortir de l’oubli au moins dans ma commune.

Jean-François DUPUIS-DELCOURT est né le 25 mars 1802 à Berru petit village à l’est de Reims qui a été rayé de la carte lors de la première guerre mondiale. Il se passionne très jeune pour l’aérostation et à 22 ans, au prix de difficultés techniques et financières énormes, il réussi à construire sa « flottille aérienne », constituée d’un ballon central entouré de quatre autres ballons plus petits. Il pensait que son dispositif lui permettrait d’avoir une certaine possibilité de diriger sa flottille sans être entièrement à la merci des vents.

Un essai infructueux de la faire décoller s’est déroulé le 13 juin 1824 à partir du Champs de Mars. La deuxième tentative, cette fois réussie, a donc eu lieu à Wissous

Cette ascension fut suivie de beaucoup d’autres sous le règne de Louis Philippe, certaines la nuit ou sur deux jours avec étape.

En 1842, lors d’une ascension, l’oxyde de carbone qu’il avait mélangé à l’hydrogène faillit lui coûter la vie.

A cette époque, il étudia un appareil destiné à lutter contre la grêle « l’électro substracteur ». C’était un ballon allongé en cuivre équipé de pointes et retenu au sol au moyen de câbles métalliques. Un prototype fut réalisé mais ne put s’élever. Il finit à la ferraille.

En 1847 au cours d’une expérience à Bruxelles, avec le ballon à hélices du docteur Van Hecke, son passager ayant sauté de la nacelle sans prévenir, le ballon repartit à une très grande hauteur qui malheureusement n’a pas été mesurée.

Il travailla aussi dans les années 1850 sur un dirigeable à hélice et gouvernail de profondeur, ce qui était nouveau à l’époque.

Mais la grande passion de DUPUIS-DELCOURT aura été de collectionner tout ce qu’il a pu sur l’art aérostatique. Il a connu toutes les personnes importantes de ce domaine durant sa vie.

Malgré ses faibles ressources et même son dénuement, il a amassé une collection considérable qui après sa mort passera entre divers mains pour enfin être conservée par le Musée de l’Air, ce pour quoi DUPUIS-DELCOURT s’était battu toute sa vie.

En 1852, il fonda la Société Aérostatique et Météorologique de France. Il publia de nombreux ouvrages en particulier le Manuel de l’Aéronaute qui eu une grande influence sur le milieu de l’aérostation jusqu’en 1900.

Un peu touche à tout, il s’occupa d’art dramatique, dirigea des théâtres, écrivit des pièces et même tenta de se lancer dans la fabrication du sucre.

C’est en 1857 qu’il eut l’idée qui le fait réellement passer à la postérité. Il publie « Considérations sur l’utilité de la fondation d’un Musée Aérostatique ». L’idée, de ce qui deviendra le Musée de l’Air, est lancée mais ce n’est qu’après la première guerre mondiale qu’elle fut reprise et concrétisée réellement après la seconde.

DUPUIS-DELCOURT décède le 2 avril 1864 dans la plus grande pauvreté. Heureusement ses chères collections, après bien des vicissitudes, sont maintenant au Musée de l’Air dont le premier il avait lancé l’idée.

La fameuse journée du 7 novembre 1824 à Wissous

La période n’était pas très favorable, mais DUPUIS-DELCOURT depuis son échec du Champs de Mars en juin était impatient de retenter l’expérience. Après bien des recherches, le Duc d’Aumont lui proposa de mettre à sa disposition le parc de sa propriété de Montjean à Wissous pour son nouvel essai lequel fut fixé au 7 novembre.

Ce premier envol de la flottille aérienne n’était pas destiné à tester sa maniabilité, mais seulement dans un premier temps à observer son comportement en l’air.

Le temps était maussade, les nuages bas et il avait plu dans la matinée.

A 15h15, la flottille, où avaient pris place DUPUIS-DELCOURT et son collaborateur J.M. RICHARD, s’éleva devant une quinzaine de personnes dont la duchesse d’Aumont. Le vent étant très faible la flottille monta verticalement de 600 mètres et entra dans les nuages qui cachèrent le sol aux aéronautes.

Après avoir traversée lentement plusieurs couches de nuages jusqu’à 1400 mètres, la flottille fut propulsée rapidement à 2200 mètres. Soumise à des vents instables et tourbillonnants, elle décrivit alors des courbes qui la ramenaient au dessus du domaine de Montjean.

Etant redescendue à 1850 mètres, la flottille s’est dirigée vers la Seine qu’elle a traversée au niveau de Choisy le Roi. Elle se mit alors à décrire des ellipses qui la ramenaient au même point. La température était tombée à 3 degrés au dessous de zéro.

Les aéronautes ont pu alors observer le paysage sur 45 kms environ. La flottille passa au dessus du confluent de la Seine et de la Marne et se dirigea entre Choisy le Roi et Thiais.

Par mesure de sécurité ils actionnèrent la soupape, mais celle-ci semble t il se coinça ce qui occasionna une descente rapide de la flottille. Ils jetèrent tout le lest restant et touchèrent sans dommage le sol dans un champ labourée à 16h 05.

Ils avaient emmené avec eux un petit chien pour étudier sa respiration en altitude. Il ne fut pas affecté bien que la flottille s’éleva jusqu’à 2600 mètres.

Le ballon principal continuant à se dégonfler DEPUIS-DELCOURT décida d’arrêter là l’expérience et les aéronautes se rendirent à Choisy le Roi accompagnés d’une foule nombreuse accourue à la vue de la flottille.

Un procès verbal de cet atterrissage fut établi par des personnalités de Choisy le Roi ayant assisté à l’événement.

Je milite depuis de nombreuses années pour que cet événement soit signalé par une plaque apposée dans l’enceinte du domaine de Montjean. L’inauguration de cette plaque pourrait donner lieu à une manifestation à laquelle seraient conviés le Musée de l’Air et les associations d’aérostation. Une présentation de ballons pourrait être envisagée à cette occasion.

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