A la fin du 19e siècle, le Hurepoix, grande plaine fertile essentiellement agricole, manque de communications avec le « le ventre de Paris » ce qui freine son expansion.
En 1876, les communes concernées du sud de Paris, dont Wissous, demandent la construction d’un chemin de fer les reliant directement à la capitale. Le but de cette ligne est de transporter les voyageurs mais surtout d’acheminer les produits maraichers et agricoles vers les halles centrales de Paris rénovées en 1866 par Baltard.
Son importance économique attise les rivalités. Différents projets sont étudiés puis abandonnés. Finalement une convention est signée entre le ministre des travaux publics et la « Compagnie des chemins de fer sur la route d’Arpajon » ( CPA) le 13 février 1891 par le président de la République Sadi Carnot. Ce tramway a été nommé « L’Arpajonnais » par la suite.
Wissous a été naturellement partie prenante concernant ce projet qui l’intéressait au premier chef en tant que commune agricole. Les municipalités de l’époque ont eu à délibérer de nombreuses fois sur ce projet en particulier sur le trajet de la ligne.
En effet au début du projet la ligne longeait la nationale 20 de la porte d’Orléans jusqu’à Arpajon et ne passait pas par Wissous. Le 29 juin 1886 le conseil municipal de Wissous demande une modification du trajet pour que la commune Wissous soit desservie et propose de verser 8000 francs pendant 10 ans pour obtenir ce détour.
Cette modification, appuyée par les communes de Morangis et de Chilly Mazarin qui pourront en bénéficier, est acceptée. Dans un premier temps il est prévu que le train traverse le centre du village.
Le conseil municipal demande avec succès une modification du trajet.
Après la décision de faire passer l’Arpajonnais par Wissous, il était prévu que le train, depuis la nationale 20 à Antony, emprunterait l’actuelle RD 167 ( la route d’Antony). La traversée de la ligne stratégique (la ligne C) posait d’importants problèmes techniques aussi le trajet fut modifié. Il fut décidé que le train longerait la nationale 20 jusqu’au petit Massy en passant sous le pont existant de la ligne stratégique. Au petit Massy, il bifurquerait à gauche pour emprunter sur le bas côté nord la nationale 32 Paris à Brunoy (maintenant Pavé de Wissous, rue André Dolimier)
Le conseil municipal entérine ce nouveau trajet le 25 juin 1894. Une enquête publique sur ce nouveau trajet se déroule entre le 3 juillet et le 6 aout 1894.
Des travaux avaient déjà été effectués sur le trajet original et l’emprise prévue comportait l’impasse de Château gaillard et l’allée de Verdun et des Anciens Combattants. Ces emprises ont été récupérées ensuite par la commune.
Les travaux de construction de la ligne commencent en février 1891. C’est dans le courant de 1895 que la commune de Wissous commença à être desservie par l’Arpajonnais. Celui-ci traversait la rue Dolimier pour s’engager dans une emprise occupée maintenant par la rue Louis Boussard.
C’est au niveau de cette traversée de la rue Dolimier que l’Arpajonnais tua le 7 décembre Jules Alexandre Bongre âgé de 37 ans ouvrier agricole conduisant un attelage. Une stèle commémorative de ce drame fut érigée près de là, en limite séparative du domaine communal, par la communauté agricole de Wissous.
Le terrain jouxtant la stèle a été vendu en 2011 la stèle mémorielle, plus que centenaire, fut envoyée à la décharge.
La gare était située à l’emplacement du bâtiment moderne occupé par les Petits Loups. L’ancien bâtiment qui après acquisition par la commune avait accueilli la première pharmacie de Wissous a été rasé au début des années 1980 alors qu’il était encore solide et aurait pu être réutilisé. C’était une des rares gare de l’Arpajonnais encore debout.
La ligne traversait ensuite la rue George Colin actuelle et poursuivait son trajet par la rue du Chemin de Fer pour se diriger vers Morangis.
Elle avait 37 kms de long dont 5 kms dans Paris.
Au début, la traction de l’Arpajonnais se faisait à vapeur avec tous les inconvénients (fumées, odeurs escarbilles, bruits …) pour les passagers et les riverains.
La ligne est électrifiée jusqu’à Antony à partir de 1901. Un changement de motrice s’effectue pont d’Antony.
A partir de 1904, le conseil municipal de Wissous demande régulièrement l’électrification de l’Arpajonnais jusqu’à Arpajon ou au moins jusqu’à Wissous. Pour la Cie PA cela n’est pas envisageable, car il aurait fallu créer une nouvelle usine électrique à Antony, celle de Montrouge ne pouvant assumer le transport électrique sur une aussi grande distance.
Notre commune demande aussi une augmentation de la vitesse des tramways en particulier voyageurs qui est fixé contractuellement à 15 km/h en agglomération et à 25 km/h ailleurs. Celle-ci ne fut pas modifiée et la lenteur de l’Arpajonnais devint de plus en plus un handicap.
Wissous se plaint à plusieurs reprises du mauvais service du tramway (horaires, fréquences, éclairage, …)
Les déplacements avec l’Arpajonnais sont l’objet d’articles humoristiques dans la presse dont Wissous est la vedette.
Le 18 juin 1922, un enfant de Wissous, Maurice Raymond Vallet, a les deux jambes sectionnées à Antony par l’Arpajonnais. Transporté à l’Hôpital des Enfants Malades il est opéré avec succès et sauvé. La commune prend en charge les dépenses. Il a été jusqu’à la fin du siècle dernier une figure courageuse de Wissous malgré son handicap.
C’est à Wissous que se produisit le dernier accident de l’Arpajonnais. Le 8 avril 1936 il déraille à 100 mètre de la gare et la motrice vient heurter une tourelle de la propriété de Château Gaillard. Cet accident fit deux blessés dont un grave : le conducteur.
La ligne concurrencée par les véhicules automobiles n’était plus rentable, et cessa ses activités au cours de l’été de la même année. Au mois d’octobre 1936 la commune de Wissous fut desservi e par des bus.
En 1901, Wissous avait 776 habitants et deux gares sur son territoire desservies par deux lignes de chemin de fer. Aujourd’hui, notre commune a plus de 6000 habitants et aucun train ne s’y arrête.