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Le château de Villemilan de Wissous

L’existence d’un château à Villemilan à partir du 15° siècle, jusqu’à sa destruction en 1830 est signalée dans la monographie  « WISSOUS AU TEMPS JADIS » tome 1.  Ces informations reprenaient celles données par Henri Louis Désiré Breton,  instituteur en poste à Wissous, dans sa monographie communale et par l’Abbé Varaigne dans son ouvrage « Wissous et son église ».

La Société Historique et Archéologique de l’Essonne et du Hurepoix vient de faire paraitre un ouvrage sur tous les châteaux de l’Essonne  disparus. Un chapitre est consacré à feu celui de Villemilan. 

Le premier propriétaire connu du fief de Villemilan est Pierre de Tuillière en 1452. Il est chevalier et conseiller à la cour du parlement.

Selon un terrier de la fin du 16° siècle, le domaine s’étendait sur 220 arpents (150 sur Wissous et 70 sur Antony). 

  En 1574,  Le seigneur de Villemilan est Alain Ferrand lieutenant particulier au Châtelet, puis son fils ainé Antoine II, conseiller du roi, qui décède en 1639. En 1600, Marc Angouillan est le fermier du domaine et ce poste restera dans la famille jusqu’à Claude Angouillan décédé en 1645 laissant un important héritage.  La ferme est ensuite confiée à Claude Bloceau. En 1690, le fief  qui appartient à Antoine-François Ferrand Maitre des Requêtes,  s’étend sur 265 arpents dont 70 sur Antony.  Sa fille Marie Françoise  Geneviève hérite du domaine et épouse le marquis de Montboissier-Canillac, devenant la marquise Du-Pont-du-Château.Elle s’en sépare en 1730, ce qui donne lieu à plusieurs procès lesquels débouchent sur la vente en 1731 de la seigneurie de Villemilan à Yves Joseph Pommyer, écuyer, conseiller, secrétaire du roi. Les terres du domaine sont affermées à cette époque à Thomas Aubouin puis à Mathieu Aubouin et à sa femme Denise Le Loup.

Dans les années 1740, le fief et le château sont acquis par Barthélémy Thoynard, écuyer baron de Vouldy, fermier général de 1721 à 1752. De très mauvaise réputation, il est appelé l’Harpagon de la finance et traité de chiasse des hommes. Il accumule richesses et seigneuries jusqu’à sa mort en 1752. Ses biens sont mis en vente lors du décès de son épouse en 1768.

A cette époque, la seigneurie de Villemilan, comprend, la maison seigneuriale ou ferme, des bâtiments, une cour, des colombiers, un jardin, haute, moyenne et basse justice, chasse greffe, tabellionnage (actes notariés) cens et rente, terres, vignes, bois, le tout d’une surface de 490 à 495 arpents, ce qui indiquerait un accroissement considérable du domaine à l’époque de Barthélémy Thoynard.

Plan réalisé par Villeneuve en 1782

Elle devient ensuite la propriété de François Etienne Lenoir de Balay (ou Debalay), écuyer et fermier général. Suivant d’autres sources le sieur de Balay n’aurait acquis en 1745 qu’une petite partie du domaine.  En 1775 à la demande de Mathurin Aubouin, fermier de la seigneurie, un état des lieux indique que le fief de Villemilan ne couvre plus que 200 d’arpents (68 ha) sans compter le château et les bâtiments. Une vingtaine d’arpents (6,8 ha ha) sont occupés par le parc et les dépendances non soumis à la dime.  On n’a pas d’explication sur ces deux évaluations très différentes. Une partie des terres sont peut être sorties de la seigneurie.

Son fils, Michel Etienne ne sera jamais seigneur de Villemilan. Magistrat à la première Chambre des Enquêtes en 1789, il est arrêté le 17 décembre 1793 et accusé d’avoir signé ou approuvé des protestations tendant à méconnaitre la liberté de souveraineté du peuple, à calomnier la représentation nationale et à ramener le règne de la tyrannie. Il est guillotiné le 20 avril 1794. Son père décède en 1804 et sa mère en 1808. C’est un cousin, Jean Louis Bayle, qui hérite du domaine de Villemilan et en sera le dernier propriétaire. Il décède en février 1830 et la même année le château est détruit, sans que l’on sache dans quelles circonstances. Le domaine a probablement subi des perturbations lors de la Révolution et  on peut supposer qu’en 1830 il ne devait rester de celui-ci que des bâtiments peut-être pas en très  bon état. Il s’étendait à l’emplacement de la zone industrielle de Villemilan et de l’emprise des voies des autoroutes en partie sur Antony. Il est certain qu’à partir de la Révolution les terres ont été acquises peu à peu par les agriculteurs locaux, en particulier par la famille Aubouin qui en était les fermiers de père en fils au 18° siècle.

La seigneurie de Villemilan disposait de sa « justice »  (gibet à 3 potences) sise sur le Tartre des Hauts de Wissous qui figurait encore sur les plans de 1758.

Note : L’arpent était la mesure de surface sous l’ancien régime, mais il pouvait varier de 0,34 à 0,5 ha suivant les régions. Il semble qu’à Wissous l’arpent était  égal à 0,34 ha.

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L’église Saint-Denis de Wissous

L’église Saint-Denis de Wissous date du XIIe siècle, période de transition entre le roman et le gothique. Le clocher est roman à côté d’un chœur gothique. La voûte de la nef a été entièrement refaite en 1992-1993. Le bas-côté date du XVe siècle, et la chapelle latérale du XVIe siècle .Les deux ont été restaurées en 1988. La fresque de Ste Barbe située dans le bas-côté fut classée par les Monuments Historiques le 15 septembre 1905. Le 24 décembre 1913 l’Administration des Beaux Arts classa en entier le bas-côté ainsi que le chœur et le clocher.

L’église a fait l’objet de plusieurs restaurations dont la dernière en 2011 pour consolider ses fondations. Au cours des fouilles des restes humains ont été mis au jour à l’intérieur du sanctuaire et à l’extérieur le long du mur sud de celle-ci. Dans le soubassement de la façade des moellons taillés de l’époque romaine ont été trouvés.

I – L’EXTERIEUR

L’église, orientée est/ouest comme la plupart de ses contemporaines, a une longueur de 30 mètres. Elle était incluse dans la ferme seigneuriale et les paroissiens y pénétraient par un porche situé sur la face nord après avoir traversé le cimetière. Elle fut désenclavée en 1820, de façon à permettre aux paroissiens d’entrer par la porte principale sur la façade ouest. Le porche fut supprimé.

Il a été sérieusement envisagé de la détruire en 1904. Elle a été sauvée par le maire de l’époque.

LE CLOCHER

Il est roman et situé à la hauteur du choeur comme dans la plupart des églises romanes d’Ile de France. Il est terminé par une toiture en bâtière (à deux pans). A l’époque du gothique les clochers ne furent plus en général construits au même endroit ce qui eu pour conséquence de retarder leur réalisation. Trois cloches furent retirées en 1793 pour faire des canons. La cloche actuelle qui donne le ‘mi’ a été bénie en 1807 et s’appelle Denis patron de l’église. Il est rare qu’une cloche ait un prénom masculin.

Il mesure 28 mètres de haut. Des ouvertures de style gothiques ont malheureusement été ouvertes en 1904 dans la partie supérieure qui construite plus tardivement ne comportait pas d’ouvertures.

II – L’INTERIEUR

LA GRANDE NEF

Jusqu’en 1821, elle était seulement couverte d’une voûte en bois, modeste à côté d’un chœur et d’un collatéral voûtés de pierre. Elle était à la charge de la Fabrique donc des paroissiens aux revenus modestes, alors que les autres parties de l’église étaient du domaine du chapitre de Notre-Dame de Paris aux moyens autrement plus importants.

La voûte en bois étant en très mauvais état, elle fut remplacée en 1821, par une voûte en plâtre en forme de berceau. En 1904 lors des travaux de sauvetage de l’église elle fut dissimulée en construisant en dessous une voûte de style néo-gothique du plus mauvais effet.

En 1992 à cause des fissures importantes et inquiétantes, elles furent remplacées par une belle voûte en châtaigner ayant la forme d’une carène renversée de bateau comme cela se faisait au XVIe siècle. La nef retrouvait enfin un aspect proche de celui qu’elle devait avoir à l’origine.

Des ouvertures ogivales donnent accès au bas côté.

La plupart des vitraux de l’église a été réalisée par Lorin maître verrier à Chartres.

Les trois premiers vitraux dont de la famille Malot datent des années 1880 et représentent à partir du fond de l’église Ste Andrésine, à la mémoire d’un enfant décédé dont le portrait figure en dessous dans un petit médaillon, st Antoine, et Ste Genevièvre. Sur le dernier, saint Louis apporte à la Ste Chapelle les reliques de la couronne d’épines du Christ offertes par Beaudouin II de Constantinople.

Sur les hauts des piliers des croix peintes, marques de consécration de l’église, ont été mises au jour.

Sur le mur nord de la nef et sur les murs séparant celle-ci du chœur ont été placé trois tableaux récemment restaurés d’un petit maître italien du début du XVIIe siècle de l’école de Ferrare Ippolito Scarsellino. Ils sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques depuis 1990.Ce sont : Couronnement d’épines, Jesus et les docteurs et Sainte Famille ou Nativité.

LE CHOEUR

C’est avec le clocher la partie de l’église la plus ancienne et la mieux conservée.

La décoration des chapiteaux s’inspire principalement des feuilles acanthe et d’arum sculptées maintes fois par les artistes romans.

Le chœur a été restauré en 1992, cette réfection a permis de dégager cinq niches très anciennes percées dans le mur Nord et bouchées depuis de longues années. Deux de ces niches sont séparées par des colonnettes qui datent du XIIe siècle comme le chœur.

Comme la plupart des vitraux de l’église, celui qui est situé derrière le maître autel est signé LORIN.

Il représente Le Calvaire et date de 1887, les deux autres représentent l’Annonciation et saint Michel restaurés en 1988.

La croix en pierre placée derrière l’autel est daté e de 1672 et provient d’un ancien calvaire qui se serait trouvé au croisement au bas du chemin de la Vallée. Sur une face figure un Christ et sur l’autre une Vierge à l’Enfant.

LE BAS-CÔTE

Il remonte à la fin du XVe siècle. Sur le mur qui le termine à l’ouest sont accolées deux ogives dont les retombées représentent des masques.

Auprès, se trouvent les fonds baptismaux restaurés au début du XVIIIe siècle et en avançant les statues de saint Denis et Jeanne au bûcher.

Les quatre vitraux en partant du fond de l’église ont pour thèmes :

Le baptême du Christ, Saint Pierre ( XVIe siècle), Le miracle des roses attribué par la légende à sainte Elisabeth du Portugal ou de Hongrie offert par le famille Legros, Ste Cécile offert par la famille Vallée.
Ces vitraux ont été restaurés en 1991.

LA FRESQUE DE SAINTE BARBE

La nef latérale comportait jadis au autel à sainte Barbe dont l’emplacement est indiqué par une fresque du début du XVIe siècle, facile à dater par le caractère gothique de ses inscriptions et l’allure des personnages habillés comme des seigneurs du temps de François Ier

Selon la légende Barbe fille de Dioscore, satrape païen de Perse, s’est convertie au christianisme contre l’opposition farouche de son père. N’ayant pas réussi à faire abjurer sa fille, Discore la décapita, mais il tomba aussitôt foudroyé, c’est pourquoi ste Barbe est devenue la patronne des métiers dangereux : sapeurs pompiers, mineurs, artilleurs.

La fresque qui devait avoir d’autres panneaux raconte cette légende. Les scènes se succèdent de haut en bas.en partant de la gauche.

1/ Dioscore apprenant la conversion de sa fille tombe à la renverse de saisissement puis se relevant menace, de son épée, Barbe qui s’échappe par une brèche miraculeusement faite dans la tour ou elle est enfermée.

2/ Dioscore poursuit Barbe qui s’est enfuie et se cache dans un taillis. Elle est trahie par un berger aussitôt transformé en statue de pierre et dont les moutons sont métamorphosés en crapauds.

3/ Dioscore ramène Barbe au château et la fait fouetter pour la contraindre à renier sa foi

4/ Devant son refus elle est enfermée dans la tour d’où elle continue à clamer sa foi à son père.

5/ A l’insu de son père elle fait la charité aux pauvres.

6/ Ste Barbe est accueillie au ciel avec la palme du martyr présentée par un ange.

La fresque portait la trace de coups, spécialement sur la tête de certains personnages (donnés probablement pendant la terreur)

Cette fresque recouverte de plâtre est restée invisible jusqu’en 1880. Malgré ses mutilations, elle est d’autant plus intéressante que les peintures murales sont très rares dans les environs de Paris. Aussi a-t-elle été classée dès 1905.

En 1976 des peintres l’ont admirablement restaurée. Ils ont supprimé les traces de coups, et reconstitué les dessins des six panneaux.

Au bas de la fresque à droite une niche appelée piscine recevait selon un rite abandonné au XVIe siècle l’eau qui était versée sur les doigts du prêtre, pour les purifier à la fin de la messe. Elle s’écoulait à l’extérieur par un trou actuellement obstrué.

LA CHAPELLE LATERALE

On accède à celle-ci par une ouverture ogivale du XIIe siècle dont les chapiteaux sont dissymétriques puis en passant sous le clocher et une voûte d’arrêtes caractéristique de la fin de l’époque romane.

Elle remonte au XVIe siècle. Sa voûte repose sur des chapiteaux très usés en forme de choux frisés. Les retombées des ogives étaient assez abîmées sauf celle qui se trouve près de la sacristie où l’on peut admirer une superbe chouette. Les autres figures datent de la restauration en 1988 qui a également mis au jour des peintures représentant:

sur le côté droit deux pèlerins de Compostelle qui, détail inhabituel, partent en sens opposé. On peut imaginer que l’un part et que l’autre revient. On devine aussi à droite du vitrail central une Vierge à l’Enfant.
sur la voûte : des anges portant les instruments de la crucifixion.

Les vitraux de la chapelle représentent : au fond la Sainte Famille selon Raphaël ; sur le côté sud: deux médaillons : la Vierge à l’Enfant et saint Georges.

L’autel placé au fond de la chapelle est de style Louis XV. Sa partie inférieure est beaucoup plus élégante que le tabernacle entouré de colonnettes imitant les temples grecques.

LA SACRISTIE

Une inscription gravée dans le mur indique la date de sa construction : 1636. Sa porte d’origine d’une solidité à toute épreuve, pèse 100 kg Elle est fermée par une serrure d’époque dont le pêne mesure 75 mm et par un verrou qui bloque une autre serrure.

Un médaillon en bois représentant une Vierge à l’Enfant du XVIIIe siècle provenant du siège seigneurial (réservé aux chanoines du Chapitre de N.D. de Paris) qui servit de banc d’œuvre jusqu’à la restauration de l’église en 1904. Il est actuellement entreposé sur la tribune de l’église.

Le chêne qui se trouve devant l’église a été planté en 1920.

Cette note explicative est largement inspirée de la brochure « L’EGLISE DE WISSOUS » extraite du livre « WISSOUS ET SON EGLISE » de l’abbé Varaigne.

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Histoire du château de Montjean de Wissous

Le lieu sur lequel est situé le domaine de Montjean apparait dans l’histoire en 1661. Il n’y avait pas encore de château mais une propriété avec une ferme qui appartenaient au sire Jacques de Beauvais. Sur les plus anciens documents le site est appelé Mont-Jean. Il est fort probable que ce nom vient d’un des propriétaires de cette butte qui domine la vallée où coule le cours d’eau que l’on appelle maintenant ru de Rungis.

Au XVIIIe siècle le domaine passe dans les mains de François Ferrand intendant de Bretagne. Il n’y a alors qu’une maison bourgeoise servant sans doute de relais de chasse. Les propriétaires furent ensuite Jean-Charles-Joseph Lenoir conseiller au Parlement, M. Marcilly gentilhomme de la chambre du Roi et en 1795 et M. Lemoine qui fut un domestique de feu Louis XVI.

Le cadastre napoléonien de 1811 montre la présence du château actuel. Le style de celui-ci proche du château de la Vallée au Loups, indique qu’il a été construit au tout début du XIXe vraisemblablement par des généraux d’Empire. Henri Breton, directeur de l’école de Wissous de 1898 à 1912 signale l’existence, à Montjean, d’un petit cimetière où étaient enterrés deux généraux du 1° Empire. Ce cimetière a disparu depuis.

En 1817, deux propriétés accolées se partagent le site. L’une appartient au général marquis de Clermont-Gallerande (1744-1823) pair de France et l’autre au général-marquis de Chasseloup-Laubat.(1754-1833) pair de France

A la mort de Clermont-Gallerande, sa propriété passe en 1824 aux mains du duc Louis-Marie-Céleste d’Aumont (1762-1831) premier gentilhomme de la chambre de Louis XVIII. Peu après le 7 novembre de la même année Dupuy-Delcourt, un pionnier de l’aérostation et inventeur du Musée de l’Air, s’élève du parc de ce domaine pour la première fois avec sa flottille aérienne+.

En 1839, Auguste Rodolphe Darblay (1784-1873) riche maitre de poste, minotier, agriculteur, commerçant en blé et député de 1840 à 1851 achète les deux propriétés qui constituent le domaine tel que nous le connaissons actuellement.

En 1862, il cède le domaine à sa fille unique Jenny mariée à Henri Muret également maitre de poste. Jenny Muret a permis au Directeur des Eaux de la ville de Paris Eugène Belgrand (1810-1878) de relever en 1877 le tracé de l’aqueduc romain qui traverse de part en part le domaine de Montjean.

A la mort de Jenny en 1898 la propriété revint à son fils Henri qui habita le château épisodiquement. En 1900 Il fit raser les bâtiments résidentiels de l’ancien domaine de Chasseloup-Laubat laissant ce qui existe actuellement.

Le domaine de Montjean revient ensuite à M. Henry Poupinel et à son épouse née Muret petite fille de Jenny Darblay.

Pendant la guerre de 14/18 le château est converti en hôpital militaire pour la convalescence des grands blessés.

A partir de 1927, le domaine devient la propriété de M. Louis Muret, Louis Poupinel et des familles Lemercier et Louvrier descendants de Jenny Darblay. En 1940, il est entre les mains de Mme Gabrielle Louvrier née Poupinel et Louis Poupinel agriculteur à Torfou..

Pendant l’occupation, il est occupé par des troupes allemandes.

Après la guerre, il est peu habité et peu entretenu. Commence une lente agonie. Il est utilisé par Air France à partir de 1946 pendant 3 ans comme centre de formation en internat des hôtesses de l’air et des jeunes cadres.

Ensuite, c’est la décrépitude. Une seule personne pour un semblant de gardiennage maintient une présence dans le château. Les bâtiments sont abandonnés et toute la partie basse du domaine est transformée en décharge pour recueillr en particulier les gravats venant du chantier de l’autoroute proche. Cette décharge était prévue pour recevoir un million de m3 de détritus mais en fait ce fut 10 fois plus qui firent disparaitre la vallée du ru de Rungis. Les paysages et l’environnement de Wissous furent une nouvelle fois sacrifiés sur l’autel des intérêts économiques de la Région.

La décharge fermée, les bâtiments mal gardés et sans entretien subirent divers outrages et dégradations.

En 2002, l’ensemble du domaine de Montjean fut acheté par la commune avec l’aide financière du Conseil Général de l’Essonne pour ce qui concerne le parc d’une vingtaine d’hectares qui fut classé Espace Naturel Sensible.

Actuellement les bâtiments, à part quelques éléments, sont toujours à l’abandon et livrés aux intempéries. Ils constituent pourtant un ensemble, exemple rare d’une grande propriété du 19° siècle proche de Paris, comprenant outre le château, des granges, une écurie, une bergerie, une laiterie et une orangerie. Il serait dommage de voir disparaitre à tout jamais un témoin de cette valeur de notre patrimoine.

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Le Domaine de Montjean sous la Restauration

Selon les archives et des anciens plans, le lieu dit où est situé actuellement le château de Montjean, était appelé Mont-Jean. Jusqu’en 1795 au moins, il ne se trouvait à cet endroit qu’une maison bourgeoise qui ne méritait pas l’appellation de château. Celui-ci a été construit sous l’Empire.  

Sur le domaine, voient le jour pendant cette période, deux propriétés possédant chacune des bâtiments de résidences juxtaposés construits vraisemblablement par deux généraux d’Empire. D’après Henri Breton, un enseignant historien local, leurs tombes se trouvaient dans un petit cimetière situé dans le domaine de Montjean.

Sur le plan cadastral napoléonien ci-dessous, datant de 1811, on distingue les deux propriétés avec leurs bâtiments d’habitation associés. On peut remarquer que la route en lacets n’existait pas à l’époque. Ce n’est que vers 1900 qu’elle  figure sur les plans.  Les lacets ont diminué la pente de la route, ce qui a facilité la montée vers le château.

Cadastre napoléonien de 1811

Charles Georges de Clermont-Gallerande né à Paris, a suivi la carrière des armes et est nommé brigadier de cavalerie en 1780 puis maréchal de camp en 1784. Il reste fidèle à la monarchie et veille aux intérêts des Bourbons. Emprisonné pendant la Terreur, il est sauvé par la chute de Robespierre. A la première Restauration en 1814, il est nommé pair de France  puis lieutenant général. Il vote la mort du Maréchal Ney. C’est à cette époque qu’il acquit la partie sud du domaine de Montjean. Il se marie en 1771 avec Catherine Césarine de la Tour du Pin Gouvernet. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise. 

Au moment de la Restauration, les propriétés passent dans les mains de personnalités favorables à la monarchie. En 1817, celle située au sud appartient au marquis de Clermont-Gallerande (1744/1823) et celle du nord au général Chasseloup Laubat (1754-1833).

François Charles Louis de Chasseloup-Laubat est né en Saintonge dans une vieille famille bourgeoise ou noble suivant les sources. Il s’engage dans le métier des armes et se spécialise dans le génie. A la Révolution, il refuse d’émigrer et entre 1792 et 1796, se bat dans les armées de celle-ci dans l’est de la France. Il passe ensuite en Italie avec Bonaparte qui le remarque et l’apprécie pour sa maitrise des techniques de sièges des places fortes. En 1797, il est promu général de brigade. Il fait toutes les campagnes napoléoniennes et est nommé commandant en chef du Génie de la Grande Armée. Il est nommé comte d’Empire en 1808 et membre du Sénat en 1813. Il prend sa retraite peu après,  vote la déchéance de Napoléon et se rallie à La Restauration mais vote contre la mort du Maréchal Ney. Chargé d’honneurs il devient marquis en 1817. Il prête serment à Louis Philippe en 1830.Il s’était marié en 1794 avec une cousine née Fresneau de la Gautaudière. Il a acquis vraisemblablement la partie nord du domaine de Montjean, au début de la Restauration. Son nom figure sur l’Arc de Triomphe et une rue Chasseloup Laubat existe dans le 15° arrondissement de Paris.

A la mort du marquis de Clermont Gallerande, la partie sud du domaine de Montjean devient la propriété du duc Louis Marie Céleste d’Aumont (1762-1831).

Né à Paris, le Duc de Pienne, Marquis d’Aumont puis duc d’Aumont et de Villequier eut une vie mouvementée. Il entre dans la carrière des armes et est nommé colonel avant la Révolution. Il  devient premier gentilhomme de la chambre du roi Louis XVI en 1785 puis  pair de France à partir de 1799. Il reste toute sa vie fidèle aux Bourbons. Il émigre à la Révolution et fait carrière pendant celle-ci et l’Empire dans les armées étrangères combattant la France. A la Restauration en 1815, il est nommé Lieutenant général d’armée et couvert d’honneur et de décorations. Il épouse en 1781 Madeleine Mélanie Henriette Charlotte de Rochechouart qui décède  prématurément en 1790. Son mari volage, qui avait pour maitresse Mme de Rully, l’a rendue très malheureuse. Le duc d’Aumont se remarie en 1792 avec Françoise Fortunée Pauline de Chauvigny de Blot, veuve du comte de Rully  sa maitresse depuis de nombreuses années. La duchesse se sépare de son mari en 1817, car celui-ci  a une nouvelle maitresse, la baronne de Marguerittes. La duchesse d’Aumont décède en 1829.

En 1823, le duc d’Aumont devient propriétaire de la partie sud du domaine de Montjean et du château actuel. Le baron de Marguerittes devenu marquis, s’installe au château avec son épouse au titre d’intendant du domaine.

C’est de ce domaine que l’aéronaute Dupuy Delcourt s’envole pour la première fois avec sa « Nautique aérienne ». Montjean est également le cadre du mariage de Noémie la fille du baron de Marguerittes. C’est  à cette occasion que celui-ci offre un tableau de la Nativité à l’église de Wissous.

En troisième noce, en 1830, le duc épouse sa maitresse Eugénie Louise de Fontelay veuve du  baron de Marguerittes.

A sa mort en 1831, son fils ainé Adolphe Henri Aimery devient le nouveau duc d’Aumont et de Villequier et sans doute le nouveau propriétaire du domaine de Montjean.

Quelques années après, sans doute suite au décès du général Chasseloup-Laubat en 1833,  les deux propriétés sont acquises par Auguste Rodolphe Darblay , maitre de Poste, meunier industriel, député et homme politique. Le domaine de Montjean est reconstitué.

Les bâtiments résidentiels de la partie nord sont détruits en 1900 par Jenny la fille d’Auguste Darblay.

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Le mystère des pierres tombales de Wissous

Des vestiges de pierres tombales ont été retrouvés, enfouies lors des travaux de restauration du lavoir de la rue Paul Doumer, dans les années 1980. Ils furent réutilisés et insérés dans le pavage entourant le lavoir. 

Nous nous sommes demandés, d’où pouvaient provenir ces éléments de pierres tombales. Nous avons fait des recherches qui nous ont donné des indices.

A la fin du 19° siècle un historien local a relevé dans l’église la présence de pierres tombales et notablement celles concernant diverses personnalités de Wissous parmi lesquelles figure le sieur Marchais décédé en 1660. Notons au passage qu’il existe sur la commune des lieux dits Les Petits et Grands Marchais qui ont certainement un lien avec ce personnage.

M. Pinard, un historien, note en 1865 la présence dans l’allée centrale de la nef  plusieurs pierres tombales, les unes en long les autres de travers ce qui démontre le peu de soin de ceux qui ont réalisé le dernier pavage. Elles sont antérieures à cette partie de l’édifice. La gravure au trait des personnages et leurs épitaphes ont a été effacés par le passage des fidèles. Seule celle située immédiatement à l’entrée est relativement bien conservée. On y voit gravé le nom de François Paris ou de Paris. Elle rappelle, d’après l’historien, la pierre tombale d’une religieuse du monastère de la Saussaye près de Villejuif apportée à Wissous et qui jadis recouvrait l’écoulement des eaux. Elle est placée maintenant sur le mur d’une maison voisine. La gravure représente la religieuse dont la figure et les mains sont en marbre blanc. Bien qu’endommagée l’inscription nous apprend qu’elle était la fille de François Dolu et qu’elle est décédée  le 9 mai 1610. M. Pinard pensait que cette pierre tombale méritait de figurer au musée lapidaire de Cluny.

L’abbé Lebeuf le célèbre historien (1687/1760) signale la présence :

  • dans le chœur, d’une pierre tombale du 13° siècle dont les inscriptions très effacées indiquent qu’il s’agit de celle d’un diacre ou un sous diacre à en juger par le livre qu’il tient à la main.
  • dans l’église, des pierres tombales recouvrent les restes de deux curés de Rungis, qui vécurent au cours du 16° siècle. Celle se trouvant dans le bas côté sud est disposée sur la sépulture d’un curé de Rungis, vicaire de Wissous. Il arrivait qu’un curé, sans occupation, se constituait vicaire dans une commune voisine plus importante.

Il s’avère donc que le pavage de l’église de Wissous comprenait un certain nombre de pierres tombales jusqu’au début du 20° siècle. En 1904, l’église menaçant ruine, il fut décidé d’y entreprendre d’importants travaux de restauration et des modifications pas toujours heureuses. Ainsi l’ancien pavage, avec les pierres tombales, fut entièrement retiré et remplacé par celui, sans intérêt, que nous connaissons actuellement.

Que sont devenues les pierres tombales ? C’est le mystère que nous aimerions bien élucider. Une hypothèse serait que les pierres tombales les plus dégradées aient été enterrées en particulier autour du lavoir, et que d’autres en meilleur état furent remis au musée lapidaire de  Cluny. Nous nous proposons d’interroger celui-ci pour savoir s’il n’y a pas eu un dépôt en provenance de Wissous dans les années 1904, 1905.

Pour les restes pavant le pourtour du lavoir, nous continuons d’espérer pouvoir un jour les retirer pour les conserver.