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César Daly à Wissous

L’architecte César DALY, a été pendant la seconde moitié du XIXème siècle un personnage aussi important que VIOLLET-LE-DUC dans le monde de l’architecture. Ses contemporains lui promettaient la même notoriété mais quelques années après sa mort en 1894 César DALY est tombé dans l’oubli. En 1941 les historiens de l’art le redécouvrent, mais c’est à partir des années 1970 que ses oeuvres sont remises au jour d’une façon importante et que ses théories font l’objet d’études universitaires.

Pourquoi nous intéressons nous à César DALY ? C’est grâce à la curiosité et à la perspicacité de Monsieur Frank Chmitelin. En faisant des recherches sur l’historique de la maison qu’il a acquise il y a 3 ans à Wissous, il a fini par découvrir que César DALY en avait été propriétaire et que ce personnage avait mérité de passer à la postérité.

En effet César DALY a acheté en 1864 la propriété sise au 37 rue du Général de Gressot que les Wissoussiens appellent « La Pergola » et où il est mort  en janvier 1894.

Les prussiens l’occupèrent pendant 9 mois en 1870 et la saccagèrent. Ils détruisirent en particulier ses notes et ses croquis de voyage.

Le 30 novembre 1871 une somme de 33 695 francs est attribuée par l’Etat à la commune de Wissous au titre de l’indemnisation des dégâts occasionnés par l’occupation prussienne. César Daly a été l’une des 194 personnes indemnisées.

En  1882, il construisit les deux pavillons de garde mansardés en brique polychrome qui encadrent une grille imposante, elle-même flanquée de trophées portant des arabesques, guirlandes de fruits et de fleurs, inscrivant une série de lignes elliptiques : il ajoute ainsi à sa maison ce qu’il considère comme le signe de l’architecture moderne : l’ellipse.  

César Daly fait de sa maison de Wissous la maison idéale dans laquelle il réunit des éléments de style très XVIIIème siècle comme la cour d’honneur à sa profession de foi moderniste.

 La grille d’entrée de la propriété, coté rue du général de Gressot, proviendrait de l’ancien octroi de la Porte d’Orléans. Elle serait postérieure à la mort de César Daly et aurait été installée entre 1927 et 1929.

Il reçoit à Wissous en particulier Victor CONSIDERANT un juriste célèbre, inventeur de la représentation proportionnelle, jusqu’à la mort de celui-ci en 1893.

Après la mort de César Daly, la propriété changé de propriétaire plusieurs fois. Elle finit par être divisée en 1981. La maison principale et chacun des deux pavillons sont maintenant des propriétés séparées.

Mais qui était César DALY ?

Il est né à Verdun le 17 juillet 1811. Fils naturel de John Daley commissaire aux vivres britannique prisonnier de guerre et de Françoise Camille Augustine Bernard de Calonne issue de la grande noblesse du Nord.

A la Restauration la famille s’installe en Angleterre. Elle rentre en France en 1828 après la mort du père en 1824. 

Il est élevé à Douai, où il s’initie à l’architecture, En 1831 il entre à l’Atelier de Félix Duban à Paris mais refuse de s’inscrire à l’École des Beaux-Arts. En 1836 il découvre les théories de Fourier. En tant que membre de l’École sociétaire, il prépare des plans pour le phalanstère de Condé-sur-Vesgres et suit son ami Victor Considérant au Texas dans la communauté de la Réunion (1855). Rapidement déçu, il revient en France en 1857 et se rallie à l’Empire. Grand voyageur (il visite les États-Unis, parcourt l’Amérique latine, le bassin méditerranéen, fait de longs séjours en Angleterre et en Allemagne), Daly construit peu mais écrit beaucoup. En tant qu’architecte César Daly n’a que très peu de réalisations concrètes à son actif. Deux en réalité : la restauration de la cathédrale Sainte Cécile d’Albi, de 1843 à 1877, en tant qu’architecte diocésain… et sa maison de Wissous !

Mais Daly apparaît surtout comme le créateur de la presse architecturale moderne  avec la Revue générale de l’architecture et des travaux publics (45 vol., 1840-1890). En publiant cette revue, dont le succès sera international, Daly apporte quelque chose de nouveau dans la presse architecturale française. Un grand format, un texte organisé en rubriques fixes, abondamment illustré et de nombreuses gravures font de cette publication un instrument pratique et rigoureux. S’adressant à l’ingénieur comme à l’architecte, Daly entend compléter la formation professionnelle de ces corps de métier en leur offrant, par l’intermédiaire de sa Revue générale de l’architecture et des travaux publics  une approche pluridisciplinaire qui leur manque. Il fait alors appel à de nombreux spécialistes tels que le peintre Jollivet, l’ornemaniste Clerget, les archéologues Mariette et Phocion Roques, le sculpteur Bartholdi, le facteur d’orgues Cavaillé-Coll ou l’écrivain Prosper Mérimée. Ils viennent renforcer une équipe composée des plus grands architectes et ingénieurs de son temps : H. Labrouste, C. Garnier, J. I. Hittorff, Davioud, Questel, Viollet-le-Duc, Michel Chevalier, C. Polonceau, Denfert-Rochereau… Au total, 216 collaborateurs qui, avec Daly, écrivent 1 800 articles.

Il obtient la Légion d’honneur le 13 août 1861 et reçoit la Royal Gold Medal en 1892.

A titre d’exemple de la grande réputation de César Daly dans le monde de l’architecture du XIXème siècle, une notice nécrologique de la presse architecturale Belge : « Il a été en effet à proprement parler, le créateur de la presse architecturale française, peut être même européenne, et il a par ses publications, par la plume et par la parole, exercé sur l’architecture moderne une influence qui ne peut se comparer si elle ne la surpasse pas, qu’à celle de  nos plus grands maîtres. »

Sources :

  • Marc Saboya- Encyclopédie Universalis – Daly César Denis (1811-1894)
  • Hélène Lipstadt- AMC. Architecture mouvement continuité (1977, juin) n°42.- P. 37-40 – César Daly et l’habitation – A propos de l’habitation de César Daly retrouvée à Wissous (Essonne).
  • Archives communales de Wissous

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